Les 11 et 12 octobre 2025, les mesures au glacier d’Ossoue (massif du Vignemale), dans les Hautes-Pyrénées, ont révélé une...
LireLa disparition annoncée des glaciers pyrénéens doit servir d’alerte
À l’occasion de l’année internationale de la préservation des glaciers, leur expédition conjointe dans les Pyrénées a permis de recueillir de nouvelles données sur le glacier d’Ossoue. Ce glacier, le plus vaste de la chaîne montagneuse côté français avec 22 hectares, vient de subir l’une de ses pires fontes jamais enregistrées.
Un signal d’alarme venu des hauteurs
Selon les dernières données relevées les 11 et 12 octobre 2025, le glacier a perdu l’équivalent de 3,25 mètres d’eau sur l’ensemble de sa surface par rapport à octobre 2024. Cette valeur est près du double de la moyenne annuelle (-1,87 mètre d’eau), et la quatrième plus déficitaire depuis 2002.
« Ce glacier a déjà perdu 220 mètres de longueur, 50 mètres d’épaisseur et près de 60 % de sa surface depuis le début des relevés réguliers il y a 24 ans. Cette nouvelle mesure confirme la tendance. Nous pouvons aujourd’hui estimer qu’il aura totalement disparu non pas d’ici 2050, mais dès 2034 selon une étude des glaciologues espagnols », alerte Pierre René, glaciologue et fondateur de l’association Moraine.
Cette année, la fonte estivale a atteint un niveau record, reflet direct de températures anormalement élevées de l’été. Ce phénomène, devenu structurel dans le massif, illustre une trajectoire déjà bien engagée : celle d’une chaîne de montagne bientôt privée de glaciers, qui représentent pourtant de puissants régulateurs thermiques.


Une expédition pour éveiller les consciences
Pendant 17 jours, Florian Fiquet, écoaventurier et ambassadeur du pacte européen pour le climat, a parcouru les Pyrénées à pieds, alternant trek en solitaire et rencontres avec des acteurs de terrain comme Pierre René avec qui il a partagé différents temps forts :
- Hommage au glacier du Boum, disparu en 2023
- Collecte de déchets historiques sur le glacier d’Ossoue et dernières mesures
« Cette fonte est une réalité visible et mesurable. Elle illustre le dérèglement global de notre climat. Les Pyrénées, à court terme, seront dépourvues de glaciers. C’est un signal d’alarme pour nous tous », constate Florian Fiquet.
Au-delà de la disparition des paysages glaciaires, ce sont des écosystèmes, des ressources en eau, des activités humaines et des équilibres géologiques qui sont affectés. « Les glaciers stabilisent localement le climat en renvoyant le rayonnement solaire. Leur disparition, c’est la perte d’un climatiseur naturel et la déstabilisation des affleurements rocheux mis à jour », explique Pierre René.

Un double enjeu : préserver ce qu’il reste et protéger ce qui se transforme
La disparition des glaciers pyrénéens est désormais inévitable à moyen terme, mais il reste des enjeux fondamentaux :
- préserver les derniers glaciers
- agir pour protéger les écosystèmes primaires qui émergent suite à leur disparition
Dans les Pyrénées, 90 % des zones glaciaires sont déjà déglacées et en cours de recolonisation par de nouveaux écosystèmes. À ce titre, l’État français s’est engagé à tendre vers 100% de protection des zones glaciaires françaises ou leurs résidus d’ici 2030.
« En Haute-Garonne, une concertation est en cours pour créer un espace protégé des glaciers. Même sans glace, ces territoires restent essentiels ; ils abritent des écosystèmes en formation et mérite une protection forte », concluent conjointement l’ambassadeur du pacte européen pour le climat et le glaciologue. « Les glaciers sont les lanceurs d’alerte du climat. Leur fonte accélérée est le témoin que nous avons déjà franchi la limite planétaire climatique. Il est encore temps de réduire notre impact. Protéger ces territoires, c’est préserver la nature de demain ».

À propos du pacte européen pour le climat
Le pacte européen pour le climat donne l’occasion aux citoyens, aux communautés et aux organisations de participer à l’action pour le climat dans toute l’Europe : en s’informant sur le changement climatique, en élaborant et en mettant en œuvre des solutions et en se mettant en relation avec des ambassadeurs tels que Florian Fiquet pour multiplier les effets de ces solutions. Dans le cadre du pacte vert pour l’Europe, le pacte pour le climat vise à devenir un espace dynamique pour partager des informations, débattre et agir face à la crise climatique.