Reprise annoncée de la chasse à la baleine en Islande

La réglementation autorisait le ministre de la pêche à suspendre la chasse seulement jusqu’à la fin du mois d’août. Si de nouvelles violations du bien-être animal sont commises en septembre, les arguments en faveur d’un arrêt définitif de la chasse à la baleine seront irréfutables.

En juin dernier, le gouvernement islandais avait suspendu la chasse à la baleine jusqu’au 31 août, après qu’une évaluation ait montré que plus de 40 % des rorquals communs tués au cours de la dernière saison de chasse avaient connu une mort lente et douloureuse. Kristján Loftsson affirme qu’il peut désormais respecter les normes islandaises en matière de bien-être animal. Les experts vétérinaires et les défenseurs de l’environnement restent sceptiques. En début de semaine, une étude économique réalisée pour le ministère de la Pêche a révélé que la chasse à la baleine n’était pas rentable pour l’Islande puisqu’elle affichait une perte de 3 milliards ISK (environ 21 millions d’euros) entre 2011 et 2019.

Patrick Ramage, porte-parole d’IFAW déclare : « Il s’agit d’une étape regrettable mais l’arrêt définitif de la chasse à la baleine en Islande est inéluctable a plus ou moins long terme. La ministre de la Pêche doit maintenant décider si ce massacre cruel sera autorisé à se poursuivre au-delà de cette année. Tout porte à croire qu’elle est en train de mettre fin progressivement à cette activité sanglante. La chasse commerciale à la baleine est une activité cruelle qui ne devrait plus exister au XXIe siècle. À l’instar du seul baleinier concerné, les navires, les machines et les installations utilisés ont maintenant leur place dans un musée de la chasse à la baleine. Plutôt que de perdre des sommes folles dans la chasse à la baleine, M. Loftsson pourrait faire des bénéfices sur les entrées des visiteurs qui viendront voir ses pièces antiques, au lieu de les utiliser pour massacrer le deuxième plus gros animal de la planète pour des produits dont personne n’a besoin ».

 

Source : IFAW

Mennecy (Île-de-France), une ville amie des animaux !

Ces panneaux ont été financés par l’association « Aux Mennechats », particulièrement active sur la ville. Elle a bénéficié d’une subvention de la Région Île-de-France de 10 000 €, dans le cadre du budget participatif, pour la fabrication et la pose de ce nouveau mobilier urbain. Son Président, Lionel Garnier, ainsi que ses 5 bénévoles, ont œuvré depuis plusieurs mois, avec le soutien des services de la commune de Mennecy et de Jean-Philippe Dugoin-Clément, Maire de Mennecy et vice-Président de la Région Île-de-France pour concrétiser ce projet. Depuis 2014, ce sont 416 chats que l’association a soignés, fait stériliser et adopter sur Mennecy.

Malheureusement, malgré toutes les actions entreprises par l’association et la municipalité, plusieurs décès d’animaux dus à des conducteurs trop pressés restent à déplorer. Pour rappeler aux automobilistes que nos amis les bêtes reprennent leur droit en ville, de jour comme de nuit, la municipalité a encouragé l’association à poser ces différents panneaux. Si les différents lieux d’implantations ont été choisis en fonction des zones d’accidentogénéité constatés par l’association, d’autres panneaux ont été posés à proximité de lieux symboliques comme les vétérinaires de la ville ou bien le centre équestre.

Des panneaux « ralentir chevaux » ont donc été déployés autour du centre où sont abrités les chevaux de la police municipale. Enfin des panneaux « ralentir hérissons » sont aussi déployés autour des bois et des espaces verts de la commune. Au-delà de cet animal aussi sympathique que menacé de disparition, il s’agit d’inciter les conducteurs à lever le pied pour tous les animaux qui traverseraient nos routes.

Un robot dans les profondeurs de la Méditerranée

Il n’explorera pas une autre planète, mais un environnement presque aussi méconnu. Depuis le 19 avril, BathyBot observe le plancher océanique de la mer Méditerranée, à plus de 2400 m de profondeur. Premier robot scientifique au monde installé en permanence à une telle profondeur, il permettra, avec d’autres instruments, d’étudier ce milieu et ses caractéristiques en temps réel grâce à sa connexion haut débit, pendant au moins cinq ans.

Imaginé scientifiquement par les équipes de l’Institut méditerranéen d’océanologie et techniquement par la Division technique de l’Institut national des sciences de l’Univers du CNRS, BathyBot embarque des capteurs pour mesurer de nombreux paramètres : température, salinité, vitesse et direction du courant, flux particulaire et concentration en oxygène. Il analysera la bioluminescence environnante à l’aide d’une caméra hypersensible.

Mieux comprendre les profondeurs

BathyBot permettra d’étudier la biodiversité des grands fonds sur son site d’opération, l’impact des mouvements d’eau sur ces écosystèmes, le cycle du carbone et son évolution dans les profondeurs face aux perturbations atmosphériques, mais aussi l’acidification, avec l’évolution de la température et de l’oxygénation, des eaux profondes méditerranéennes. Téléopéré depuis la terre ferme, il sera les yeux des scientifiques dans ce monde inconnu.

Ils espèrent ainsi pouvoir observer la colonisation du récif artificiel BathyReef placé aux côtés du robot. Celui-ci a été réalisé en béton, un matériau inerte et minéral, et à partir d’une structure complexe, bio-inspirée, offrant une large surface colonisable. Le duo formé par BathyReef et BathyBot sera le premier à proposer le suivi de la colonisation d’un récif artificiel immergé volontairement à une telle profondeur.

La technologie au service de la biodiversité

BathyReef et BathyBot ont été mis en place en février 2022, au cours d’une mission en mer menée par le navire le Pourquoi pas ? et le sous-marin Nautile de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer. Un sismomètre et une sonde de radioactivité, ainsi qu’une biocaméra pour observer des événements passagers et tester des scénarios de stimulation lumineuse des espèces profondes ont également été installés. Ces instruments et BathyBot ont tous été connectés à la boîte de jonction scientifique mise au point par l’Ifremer. Ce réseau intelligent fait office à la fois de “multiprise” pour les alimenter en énergie et de “box Internet haut débit” pour les contrôler et envoyer les données acquises en temps réel vers le continent.

Malheureusement, BathyBot étant resté trop longtemps sans alimentation, le système permettant ses déplacements sur le fond n’est pour l’instant pas opérationnel. Cette déception a vite été dépassée par les images exceptionnelles déjà acquises, après seulement quelques jours, au travers des deux caméras du robot : des poissons très nombreux, et des organismes transparents plus discrets s’y invitent chaque jour. En outre, une future mission permettra peut-être de résoudre cette difficulté technique.

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Source : CNRS

Photo : Dorian Guillemain

Quand les abeilles domestiques concurrencent les pollinisateurs sauvages

L’abeille domestique (Apis mellifera) est, comme son nom l’indique, une espèce domestiquée, améliorée et exploitée par l’homme au même titre que le bétail. L’histoire évolutive d’Apis mellifera avant sa domestication commence en Asie, il y a environ 7,5 millions d’années. L’espèce s’est ensuite largement dispersée grâce à ses fortes capacités adaptatives vers les continents africain et européen, puis a divergé en une multitude de sous-espèces pendant la dernière glaciation (de 38 000 à 13 000 ans avant le présent), quand ses populations se sont retrouvées séparées. Sa relation avec l’homme est vraisemblablement très ancienne, avec la recherche de colonies sauvages pour collecter le miel. Les plus anciennes traces de fixation des colonies, signes d’une domestication de l’espèce, ont été trouvées en Anatolie et datent d’il y a un peu plus de 10 000 ans. C’est à partir du XVIIe siècle que l’apiculture s’est fortement intensifiée, avec des échanges de colonies sur l’ensemble du globe. Au cours de sa domestication, Apis mellifera a été sélectionnée de nombreuses fois pour optimiser sa production de miel, son caractère docile et son acclimatation aux différents contextes climatiques. On dénombre aujourd’hui près de 28 sous-espèces élevées partout dans le monde.

 

L’ABEILLE DOMESTIQUE, UNE AMBASSADRICE DE LA BIODIVERSITÉ ?

Si l’abeille domestique est bien une composante de la biodiversité au sens de sa définition, il serait néanmoins erroné d’en faire un emblème pour alerter sur l’érosion du vivant. En comparaison aux 950 espèces d’abeilles sauvages vivant également en France métropolitaine (20 000 dans le monde), il ne s’agit que d’une infime fraction de la diversité des « abeilles ». De plus, l’abeille domestique, entretenue et soignée par l’homme, n’est pas soumise aux mêmes pressions environnementales que ses congénères sauvages. En cas de disette, d’infection au varroa (un acarien parasite) ou aux poux de l’abeille, ou d’une prédation par le frelon asiatique, l’apiculteur intervient en apportant des soins vétérinaires et des compléments alimentaires (ou en posant des pièges, dans le cas du frelon) pour rétablir ses colonies souffrantes. Contrairement aux pollinisateurs sauvages, les abeilles domestiques étant artificiellement maintenues, elles ne sont que partiellement impactées par la disparition des milieux naturels, l’intensification des pratiques agricoles et le changement climatique. Cependant, malgré tous les soins dont elles bénéficient, elles ne sont pas épargnées par les ravages provoqués par les pesticides, au même titre que l’ensemble des pollinisateurs. La forte dégradation de l’état de santé des colonies ces dernières décennies est d’ailleurs un indicateur criant de l’effondrement silencieux en cours chez les populations de pollinisateurs sauvages. En 2022, une étude a montré que la durée de vie moyenne d’une ouvrière chez Apis mellifera a diminué de moitié en cinquante ans (34 jours en moyenne en 1970, contre 18 aujourd’hui). Les causes de ce phénomène ne sont pas complètement élucidées, mais les auteurs supposent que la sélection génétique pour privilégier la résistance aux pathogènes et la dégradation du milieu de vie des ruches sont les principaux responsables de ce changement. Conséquence de cette durée de vie limitée, les abeilles ont moins de temps pour collecter les ressources, et les ruches s’en trouvent affaiblies. Pour autant, contrairement aux espèces sauvages, cette abeille n’est absolument pas menacée et ne risque pas de disparaître. Entre 1961 et 2017, on estime que le nombre de colonies gérées par l’homme a augmenté de 85 % et la production moyenne de miel par colonie de 45 %, signes d’une optimisation des processus de production et d’une sélection génétique accrue. Pour les insectes sauvages – dont les pollinisateurs –, le constat est très différent, avec une réduction de leur abondance d’environ 10 % par décennie à l’échelle mondiale. En Allemagne, dans des réserves naturelles pourtant protégées, cette tendance générale à la baisse se traduit même par une réduction de la biomasse en insectes volants de 75 % en vingt-sept ans.

 

POURQUOI NE PAS COMPENSER CE DÉCLIN PAR DES ABEILLES DOMESTIQUES ?

La pollinisation des plantes par les insectes, indispensable à la reproduction d’environ 90 % des plantes dans le monde, représente aussi un service écosystémique essentiel pour notre alimentation. En Europe, on estime que 35 % du volume de production agricole dépend directement des insectes, et ce service, rendu gratuitement par les écosystèmes, représente à l’échelle mondiale 153 milliards de dollars chaque année. Si l’importance des pollinisateurs n’est plus à démontrer, le rôle de la diversité des espèces qui les compose est encore méconnu. Fruits d’une coévolution avec les plantes à fleurs, elles-mêmes apparues il y a au moins 280 millions d’années, les relations entre plantes à fleurs et insectes ont engendré des interactions extrêmement diverses et complexes, qui ne pourraient être compensées par une seule espèce. La Collète du lierre (Colletes hederae), par exemple, est, comme son nom l’indique, spécialisée dans les fleurs de lierre et, pour correspondre à la floraison tardive de la plante (vers la mi-septembre), émerge de son terrier en fin de saison, contrairement à la majorité des autres abeilles sauvages, déjà en fin de vie à cette période de l’année. Du côté des plantes, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) va jusqu’à imiter les phéromones émises par les Eucères à longues antennes (Eucera longicornis) femelles pour attirer des mâles, qui, dupés, vont polliniser l’orchidée en la visitant. En dehors des pollinisateurs très spécialisés, l’ensemble des espèces possèdent des cortèges de plantes qui leur sont associés. La compatibilité d’un pollinisateur avec sa plante est liée, notamment, à leur morphologie. Ainsi, les plantes avec des corolles longues et étroites ne peuvent être pollinisées que par des insectes possédant de longues langues capables d’atteindre le nectar situé au fond. À l’opposé, les tapis de petites fleurs proposés par les Apiacées (Carotte sauvage, Achillée millefeuille…) sont plébiscités par des insectes aux pièces buccales courtes, comme les coléoptères ou les diptères (mouches). Du côté de l’agriculture, le constat est le même. Une pollinisation uniquement réalisée par l’abeille domestique nuirait à la quantité et à la qualité des productions fruitières. Aussi, de nombreux insectes sont plus que des pollinisateurs. Les Chrysopes, par exemple, passent une bonne partie de leur vie à l’état larvaire. Pendant cette phase, les larves carnivores ingurgitent d’énormes quantités de pucerons et autres ravageurs, alors que l’adulte se contente du miellat et du pollen des fleurs. L’abeille domestique, même si elle est particulièrement polyvalente dans la diversité des fleurs qu’elle visite, n’est pas une pollinisatrice ultime, capable de se substituer à des milliers d’espèces ayant toutes leurs particularités et affinités.

 

UN ENGOUEMENT AUX EFFETS CONTRE-PRODUCTIFS

Depuis une quinzaine d’années, un véritable engouement s’est développé autour de l’installation de ruches, notamment en ville. En 2019, la Ville de Paris estimait le nombre de ruches à environ 650. Trois ans plus tard, ce nombre avait déjà plus que doublé, pour atteindre les 1 500 ruches (soit 15 ruches au km²). L’omniprésence de l’abeille domestique en ville questionne par ailleurs sur les relations de compétition alimentaire qui peuvent se créer avec d’autres pollinisateurs à cause de leur surdensité. En 2019, une étude démontre que la densité de ruches dans un rayon de 500 ou de 1 000 mètres impacte négativement la fréquence de visite des fleurs par les pollinisateurs sauvages. Une importante densité de ruches déséquilibre également les réseaux d’interaction plantes-pollinisateurs : quelques plantes seront saturées de visites, alors que d’autres seront très peu sollicitées par les insectes. Cette iniquité de pollinisation est indicatrice d’écosystèmes dégradés, où la disparition de certains pollinisateurs réduit le potentiel de reproduction de leurs plantes associées, avec des réactions en cascade pouvant provoquer la disparition de communautés entières. Cet effet est également catalysé par les abeilles domestiques, qui préfèrent significativement les plantes horticoles aux espèces sauvages, ce qui amplifie le déficit de pollinisation des fleurs sauvages. Au-delà de la ville dense, où la ressource alimentaire est un facteur limitant pour les espèces, d’autres études se sont intéressées aux conséquences de l’installation de ruchers (ensemble de ruches) densément peuplés dans les espaces naturels. Une étude constate que plus l’on s’approche d’un rucher, moins les abeilles sauvages sont abondantes. En dessous de 900 mètres de distance au rucher, l’abondance des abeilles sauvages est en moyenne 55 % inférieure à celle des sites témoins (sans ruches). Plus encore, le succès d’approvisionnement en nectar des abeilles sauvages diminue à proximité des ruches. Les abeilles sauvages butinant dans un rayon de 600 mètres autour d’un rucher présentent moitié moins de nectar dans leur jabot que les butineuses hors de ce rayon. À partir de ces observations, l’étude propose également des recommandations pour mieux prendre en compte cette compétition entre pollinisateurs. En tenant compte du rayon d’action moyen des abeilles domestiques et de leurs impacts sur les abeilles sauvages en fonction de la distance, elle préconise d’espacer les ruchers d’environ 2,5 km. Cette distance permettrait de conserver 53 % du territoire hors de l’emprise des colonies, et sanctuarise ainsi l’espace restant pour les espèces sauvages. Ces valeurs, bien que théoriques et issues d’une étude en milieu naturel, sont intéressantes pour mettre en perspective les pratiques actuelles. Avec des densités, dans certaines villes, de plusieurs ruches au kilomètre carré et un environnement urbain pauvre en ressource florale, cet effet de mode peut avoir des effets néfastes sur la biodiversité.

 

FAUT-IL BANNIR LES RUCHES ?

Considérant les limites à l’installation abusive de ruches, celles-ci restent de bons supports pour reconnecter le public à la nature et au vivant – et plus particulièrement aux insectes, mal connus, voire mal aimés. Souvent, les collectivités ou associations qui installent des ruches proposent également des créneaux ouverts au grand public pour venir rencontrer l’apiculteur gestionnaire et en apprendre davantage sur les abeilles domestiques. Ces moments, rares dans le quotidien des citadins, sont importants pour changer la perception de la biodiversité, de ses composantes et des menaces auxquelles elle fait face. Néanmoins, il est aujourd’hui nécessaire d’appréhender l’ensemble des pollinisateurs et, même s’il est plus facile d’installer des ruches ou des hôtels à insectes que de leur offrir des habitats favorables, l’urgence de la situation nécessite des moyens encore trop peu mobilisés. Ce n’est que grâce à une évolution de nos modes de production, de l’utilisation de nos terres et de notre conception du vivant que la tendance pourra s’inverser.

 

COMMENT FAVORISER LES POLLINISATEURS SAUVAGES ?

Le 23 janvier 2023 a marqué un tournant, avec l’interdiction définitive des néonicotinoïdes en France. Ces produits, dont la toxicité envers les abeilles a été largement démontrée, ont des effets négatifs plus globaux sur les écosystèmes. Cette décision, bien que majeure, ne doit pas pour autant masquer la réalité de l’usage encore massif des phytosanitaires. En 2022, le CNRS de Chizé et l’Université de Bourgogne-Franche-Comté publiaient les résultats d’une étude sur la rémanence des pesticides dans l’environnement. Grâce à l’analyse de poils de micromammifères, capturés pour l’occasion, puis relâchés, les scientifiques ont découvert que 75 % des animaux ressortaient positifs à 13 molécules interdites (pour certaines depuis plus de 30 ans) et à 25 molécules autorisées sur 140 composants recherchés. Pire, aucune différence n’a été observée entre les exploitations biologiques et conventionnelles, preuve que ces produits sont omniprésents dans l’environnement et dans l’ensemble des maillons des écosystèmes. Ainsi, le développement de pratiques alternatives qui se détournent des phytosanitaires – comme l’agroécologie, qui a démontré son efficacité – constituerait une première étape essentielle pour l’amélioration de l’état de santé des pollinisateurs. Cette transformation a déjà commencé dans les espaces publics et privés en milieu urbain, avec l’application de la loi Labbé dès 2017, dont le périmètre s’est étendu le 1er juillet 2022. Elle s’applique désormais aux propriétés privées, aux lieux fréquentés par le public et aux lieux à usage collectif (à l’exception des golfs, des terrains de grands jeux, des pistes d’hippodrome et des terrains de tennis sur gazon, dont l’accès est réglementé, maîtrisé et réservé aux utilisateurs, et dont l’interdiction n’interviendra qu’en 2025). L’autre enjeu majeur est celui de l’occupation du sol et de l’espace laissé à la biodiversité. En ville, les espaces dits « verts » sont encore trop souvent gérés intensivement par souci esthétique. Les tontes fréquentes et l’utilisation de semis et de plants horticoles sont incompatibles avec l’installation des insectes, dont les pollinisateurs. La gestion écologique associée à une gestion différenciée, qui consiste à réduire l’entretien, à favoriser les plantes locales et à diversifier les strates de végétation, permet de créer des conditions plus hétérogènes qui apporteront vivre et couvert aux espèces. Une grande diversité de pollinisateurs sous-entend également des écologies et des exigences variées. De nombreuses espèces ont besoin d’habitats spécifiques pour réaliser leur cycle de vie. Ainsi, certaines abeilles solitaires creusent des terriers dans les sols meubles quand d’autres utilisent le bois mort pour construire des loges. En ce qui concerne les syrphes (mouches à l’apparence d’abeilles), certaines larves affectionnent les zones humides et la végétation en décomposition pour réaliser leur développement. Afin de reproduire ces habitats particuliers, il est possible de mettre en place des aménagements peu coûteux dans les espaces. Un simple talus de terre meuble (avec idéalement 50 % de sable environ) exposé sud sera rapidement colonisé par des bourgades d’abeilles, qui y creuseront leurs terriers. Laisser au sol un tas de branchages morts de différents diamètres ou un pierrier bien exposé au soleil servira à une multitude d’autres espèces. Créer une mare temporaire ou permanente, en évitant l’apport de poissons, favorisera d’autres cortèges. Ces propositions d’aménagements sont aussi valables pour les jardins privés, qui représentent une part non négligeable des espaces de nature en ville. Une autre approche consiste tout simplement à laisser des espaces sans gestion, en libre évolution, comme dans certaines friches en ville. Ces lieux, sous forte pression foncière, ne doivent pas être uniquement considérés comme des espaces en attente d’urbanisation. Certaines friches sont devenues avec le temps des îlots de nature offrant calme et refuge à la biodiversité : elles hébergent ainsi une faune et une flore riches, parfois composées d’espèces rares que l’on n’observe habituellement pas en ville. Il est également possible d’aménager le bâti pour les pollinisateurs. Les toitures végétalisées, quand elles disposent d’un substrat suffisamment profond (au minimum 10 cm) et d’une végétation herbacée locale, peuvent devenir des relais entre les espaces verts en proposant gîte et ressources aux espèces, tout en absorbant les eaux pluviales. Sur les façades, l’installation de plantes grimpantes, comme le lierre, permettra de satisfaire les besoins de nombreux pollinisateurs tardifs et aidera à rafraîchir les villes en limitant la réflexion des rayons solaires. Dans certains contextes, il est également possible de se tourner vers des conceptions alternatives, avec l’utilisation de paillages ou de murs en terre, qui laisseront des interstices favorables à l’installation des insectes. Enfin, pour la reconquête de la biodiversité, il est désormais nécessaire de s’orienter vers les concepts de renaturation d’espaces imperméabilisés afin de rendre des lieux autrefois stériles colonisables par les espèces. Les villes regorgent d’endroits inutilement bétonnés qu’il est aujourd’hui indispensable de rendre à la nature.

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Source : Note rapide Biodiversité, n° 984, par Hemminki Johan, www.arb-idf.fr

L’UNESCO désigne 11 nouvelles réserves de biosphère

« Les réserves de biosphère de l’UNESCO sont la preuve tangible que l’humanité peut vivre en harmonie avec la nature. Depuis 1971, ce programme porté par les communautés locales a réussi à établir un modèle de développement qui favorise le bien-être humain et le respect de la biodiversité. Je suis ravie de voir onze nouveaux sites rejoindre cette année ce puissant réseau, plus utile et nécessaire que jamais », a salué Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

Ces désignations ont été décidées par le Conseil international de coordination, l’organe directeur du Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB) de l’UNESCO composé de 34 États membres. Le Conseil se réunit du 12 au 15 juin au siège de l’UNESCO.

Les réserves de biosphère sont un pilier du mandat de l’UNESCO en tant qu’agence scientifique des Nations Unies. Chaque réserve de biosphère encourage des pratiques locales innovantes qui visent à préserver la biodiversité, sauvegarder les écosystèmes et lutter contre le dérèglement climatique, tout en améliorant les moyens de subsistance des populations locales, par exemple en développant l’agroécologie, les sources d’énergie renouvelables et les industries vertes. 

Les réserves de biosphère aident les pays à atteindre les objectifs fixés dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming, adopté à Montréal en décembre dernier par la Convention sur la diversité biologique. Ces objectifs incluent la désignation de 30 % des zones terrestres en tant que zones protégées et la restauration de 30 % des écosystèmes terrestres dégradés d’ici 2030.

Les 11 réserves de biosphères nouvellement désignées sont :

Allemagne : Réserve de biosphère de Drömling

La Réserve de biosphère de Drömling est située de part et d’autre de l’ancienne frontière interallemande qui séparait les deux États fédérés allemands de Saxe-Anhalt et de Basse-Saxe. Au cours des 250 dernières années, la région a évolué en un paysage culturel alliant développement de l’agriculture et conservation des tourbières. La réserve de biosphère prévoit de contribuer à la restauration des identités écologiques et socioculturelles de toute la région en favorisant l’écotourisme, la gestion commune de l’eau et des énergies renouvelables et l’éducation environnementale. La réserve de biosphère compte 11 réserves naturelles, 5 zones de protection du paysage et 1 monument naturel national (Ceinture verte). La région est caractérisée par des écosystèmes uniques bordés d’eau avec un gradient continu, allant des forêts et systèmes de zones humides intacts à une forte influence humaine. Environ 54 % de la zone de la réserve de biosphère fait partie du réseau européen des zones protégées (Natura 2000) en tant que sanctuaire d’oiseaux.

© Biospharenresenreservatsverwaltung DromlingSachsen-Anhalt

 

Cameroun : Réserve de biosphère de la forêt tropicale de Korup

Vieille de plus de 60 millions d’années, la forêt tropicale de Korup est l’une des plus anciennes forêts tropicales d’Afrique. Située au sud-ouest du Cameroun dans la région biogéographique guinéo-congolaise, voisine de la Réserve de biosphère d’Oban au Nigéria, la réserve de biosphère de la forêt tropicale de Korup offre une grande diversité de paysages, allant des forêts de basse altitude aux forêts subtropicales de montagne. Elle a été désignée comme l’un des deux refuges du Pléistocène d’Afrique pour la richesse de sa biodiversité et pour celle de sa faune et de sa flore endémiques. La réserve de biosphère abrite une importante population de primates africains, dont le gorille de la rivière Cross, en danger critique d’extinction. Une population de plus de 30 000 habitants, diversifiée sur le plan linguistique et sur le plan culturel, vit également dans la forêt tropicale de Korup. L’économie locale est elle aussi diversifiée, alliant agriculture, foresterie, tourisme et entreprises de loisirs et de services. Quelque 32 villages participent à la gestion de la forêt tropicale de Korup par le biais d’un processus collaboratif conçu pour renforcer la participation communautaire et améliorer les moyens de subsistance locaux.

© CPSMMR-SWR

Colombie : Réserve de biosphère de Tribugá-Cupica-Baudó

Se trouvant dans la région biogéographique de Chocó, Tribugá-Cupica-Baudó est la première réserve de biosphère située sur la côte pacifique de la Colombie, qui est l’un des deux biomes majeurs influençant cette zone (l’autre étant la forêt tropicale de la Serranía del Baudó). La réserve de biosphère renferme une grande variété de paysages (falaises, estuaires, littoraux, golfes, criques, baies et aires marines) et d’écosystèmes (récifs, mangroves, forêts tropicales) riches en biodiversité. Elle abrite une population de plus de 18 000 habitants, dont la majorité appartiennent au peuple autochtone Embera (qui parle une langue isolée rare) et à des peuples afro-colombiens. Les principales activités économiques sont l’agriculture de subsistance, la pêche artisanale, la pêche et l’utilisation des ressources traditionnelles, le commerce, le tourisme de nature et l’artisanat (par exemple, la poterie).

Indonésie : Réserve de biosphère de Bantimurung-Bulusaraung – Ma’Rupanne

Situé dans la province de Sulawesi du Sud, en Indonésie, le site de Bantimurung-Bulusaraung – Ma’Rupanne offre trois paysages principaux : Bantimurung, Bulusaraung et Maros Pangkep, ce dernier étant l’un des plus grands paysages karstiques du monde. Parmi les différents types de couverture terrestre du site figurent des forêts tropicales de montagne, des forêts de basse altitude et diverses zones consacrées à différentes utilisations du sol. L’une des principales zones du site, le Parc national de Bantimurung Bulusaraung, est mondialement reconnu pour la richesse de sa biodiversité. Il abrite notamment 250 espèces de papillons. La réserve de biosphère est habitée par une population diversifiée : plus de 1,5 million de personnes vivent dans 672 villages. Certaines communautés, telles que les Makassar et les Bugis, honorent leurs cultures traditionnelles depuis des centaines d’années. Le tourisme de nature et le tourisme culturel sont très développés, mais les activités agricoles, telles que la riziculture, l’agriculture adaptée aux zones arides, l’élevage et la pêche constituent la principale source de subsistance des communautés locales.

Kenya, Ouganda : Réserve de biosphère transfrontière du Mont Elgon

La désignation de la Réserve de biosphère transfrontière du Mont Elgon consolide le rôle de château d’eau que jouent la Réserve de biosphère du Mont Elgon au Kenya (2003) et la Réserve de biosphère du mont Elgon en Ouganda (2005), offrant une vaste palette de fonctions écosystémiques assurant la préservation des forêts, de la vie sauvage et des moyens de subsistance dans la région. Abritant plus de 300 espèces d’oiseaux, le site se distingue par une exceptionnelle diversité d’écosystèmes et d’espèces animales et végétales, répartis sur quatre zones écologiques distinctes caractérisées par différents types de végétation : forêt de montagne mixte, forêt de bambou et forêt à canopée basse, lande de montagne subalpine et lande alpine variant avec l’altitude. La réserve de biosphère transfrontière compte près de 1 150 000 habitants, équitablement répartis entre le Kenya et l’Ouganda. Très diversifiée, cette population est composée de Sabaot, de Luhya, de Teso et de Bagisu ainsi que d’autres peuples autochtones et communautés locales qui dépendent principalement de l’agriculture (à la fois vivrière et commerciale). Les communautés comptent sur la collecte de produits forestiers tels que le bois de chauffage, le fourrage, les plantes médicinales, les légumes, les pousses de bambou, les piquets, les champignons, le chaume et le sel pour leur bétail. Plusieurs initiatives et programmes communautaires de conservation ont été mis en œuvre en vue d’obtenir le soutien des communautés pour la conservation des écosystèmes.

© Vera Nickel

Mongolie : Réserve de biosphère d’Onon-Balj

La Réserve de biosphère d’Onon-Balj est située à la lisière sud de la forêt boréale de conifères sibérienne, qui englobe la steppe de Daurian et le bassin des rivières Onon et Balj. Les principaux types d’écosystèmes présents dans la région incluent forêts, prairies et réserves d’eau douce, caractérisés par les paysages verticaux qui offrent une transition entre les monts Khentii et la forêt boréale de conifères (taïga), puis la steppe. La réserve de biosphère n’est pas seulement une zone primordiale pour les oiseaux des marais et les oiseaux aquatiques ; elle regorge également de zones culturellement importantes, dont des sites historiques liés à Gengis Khan (v. 1162-1227), fondateur de l’Empire mongol. Une partie de la réserve de biosphère est gérée comme un bien communal traditionnel et utilisée pour l’élevage du bétail par les communautés locales, lesquelles exploitent également la zone à des fins domestiques (fenaison, culture de légumes et collecte de produits forestiers non ligneux). La réserve de biosphère attire de nombreux touristes culturels. Le secteur de l’écotourisme, favorable à l’environnement et axé sur les communautés, est lui aussi en pleine croissance.

© Gantulga.B

Pakistan : Réserve de biosphère de Chitral Bashkar Garmchashma

La Réserve de biosphère est située dans le district de Chitral (province de Khyber Pakhtunkhwa), frontalier de l’Afghanistan au nord et à l’ouest. La région de Chitral est riche de paysages spectaculaires, avec 543 glaciers et 31 chaînes de montagnes s’élevant à 7 000 m et plus au-dessus du niveau de la mer, à l’instar de trois sommets du Tirich Mir. Le site répond aux besoins d’un vaste éventail d’espèces quasi menacées ou vulnérables, telles que le markhor du Cachemire (Capra falconeri cashmiriensis) et l’ibex de Sibérie (Capra sibirica), deux espèces de bouquetins sauvages, l’urial de Ladakh (Ovis vignei vignei), une espèce de mouflon sauvage, et la panthère des neiges (Panthera uncia). La réserve de biosphère est habitée par 210 000 personnes ; elle est le foyer de la culture chitrali, unique et développée pendant des millénaires par plus d’une dizaine de peuples différents parlant de nombreuses langues, dont des langues indo-aryennes menacées telles que le kalasha et le kalashamum. La beauté naturelle et la diversité culturelle de la réserve de biosphère en font une destination d’écotourisme de plus en plus populaire.

© Project Director/Conservator Wildlife 10BTTP Wildlife Component Khyber Pakhtunkhwa, Pershawar

Pakistan : Réserve de biosphère de Gallies

La Réserve de biosphère de Gallies est située dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa, dans l’écorégion tempérée et humide de l’Himalaya occidental, mondialement reconnue comme revêtant une importance internationale pour la préservation de la biodiversité en raison du grand nombre d’espèces en danger ou menacées qui y vivent, à l’instar du léopard (Panthera pardus). Le site est composé d’écosystèmes très diversifiés, dont des prairies subalpines et des forêts de conifères, des forêts humides et tempérées et des forêts de pins subtropicales. La réserve de biosphère compte 70 000 habitants. Grâce au riche patrimoine culturel et à l’environnement naturel unique de la région, le tourisme joue un rôle socioéconomique vital. Les autorités locales ont développé diverses infrastructures touristiques, dont des sentiers de randonnée, des télésièges, des sites d’équitation et de camping ainsi que des centres d’information touristique qui accueillent chaque année environ 2,5 millions de visiteurs.

Pérou : Réserve de biosphère de Bicentenario-Ayacucho

Située dans la partie sud des Andes centrales du Pérou, la Réserve de biosphère de Bicentenario-Ayacucho regroupe divers écosystèmes de montagne dont l’altitude varie entre 1 850 m et 4 450 m au-dessus du niveau de la mer. Ces écosystèmes incluent des forêts saisonnièrement sèches, des zones humides des hautes Andes, des forêts reliques et des terres arbustives andines. La réserve de biosphère couvre les aires naturelles protégées que sont le Sanctuaire historique de la pampa d’Ayacucho et la zone de conservation régionale de la forêt qui abrite le plus grand nombre de « titankas » (Puya raimondii) au monde. Parfois appelée reine des Andes, cette plante allongée à l’allure de girafe, à floraison unique, peut atteindre une taille de 15 m. Le site est également notoire pour sa grande diversité culturelle de valeurs historiques, religieuses et sociales, notamment en ce qui concerne les savoir-faire locaux et autochtones ayant trait à la gestion des ressources naturelles. La réserve de biosphère compte plus de 300 000 habitants, dont la majorité vivent dans des zones urbaines, telles que la ville d’Ayacucho, située dans la zone de transition. Plus de la moitié de la population a pour langue maternelle le quechua. L’activité économique inclut l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, le tourisme et l’élevage de subsistance andin, ainsi que des activités de service.

© José Luis Gutiérrez Gutiérrez

 

République centrafricaine : Réserve de biosphère du Complexe des aires protégées du Nord-Est de la République centrafricaine

Cette réserve de biosphère est située dans le nord-est du pays, dans la zone de transition entre la zone sahélienne au nord et la zone équatoriale humide au sud. Le site joue un rôle écologique important en reliant des zones protégées au niveau national et au niveau régional. Située à la convergence des bassins du Congo, du lac Tchad et du Nil, la réserve de biosphère accueille des groupes très diversifiés d’espèces végétales et animales. Elle englobe également des écosystèmes et des paysages caractérisés par des zones forestières le long de rivières bordées de plaines inondables. L’une de ses principales zones, le Parc national du Manovo-Gounda St Floris, est déjà inscrite sur la Liste du patrimoine mondial. La réserve de biosphère abrite une population diversifiée de 80 000 habitants, travaillant principalement dans l’agriculture vivrière (culture du manioc, du millet, du sorgho, de l’arachide, du maïs et du sésame, notamment). Parmi les autres activités traditionnelles importantes pratiquées dans la région figurent la chasse et la pêche, suivies pas l’élevage à petite échelle, l’artisanat, le petit commerce, l’extraction artisanale de diamants et la collecte de produits forestiers non ligneux.

© WCS

 

Tanzanie : Réserve de biosphère de Rufiji-Mafia-Kibiti-Kilwa (RUMAKI)

La Réserve de biosphère de RUMAKI est administrativement rattachée aux régions tanzaniennes de Lindi (district de Kilwa) et de Pwani (districts de Rufiji, Mafia et Kibiti). Le site prend principalement la forme d’un écosystème marin côtier qui accueille la première zone marine protégée de Tanzanie, le Parc marin de l’île de Mafia (1994). Il est composé d’une remarquable mosaïque d’habitats marins tropicaux, dont des récifs coralliens, des herbiers marins, des mangroves et des zones intertidales qui abritent des populations de tortues, d’oiseaux migrateurs, de dauphins et de requins-baleines. Le paysage marin de RUMAKI est reconnu comme l’une des aires marines les plus biologiquement diversifiées et productives de Tanzanie, et même d’Afrique de l’Est. La réserve de biosphère contient deux sites du patrimoine mondial culturel qui, avec l’île de Mafia, constituent les destinations touristiques les plus réputées de la réserve de biosphère. Outre le tourisme, la pêche à petite échelle et la pêche semi-industrielle font partie des principaux moyens de subsistance de la population vivant dans la réserve de biosphère (plus de 229 000 habitants).

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Source : UNESCO

Photo : Réserve de biosphère d’Onon-Balj, Mongolie © Aldarmaa.B / Gantulga.B

Comment limiter les captures accidentelles de dauphins ?

Porté depuis mars 2022 par La Rochelle Université, le CNRS et l’Ifremer, en partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale et l’Office français de la biodiversité, le projet Delmoges a pour objectif de produire de nouvelles connaissances scientifiques pour aider au développement de mesures de réduction des mortalités de dauphins communs sans affecter l’activité de pêche de manière disproportionnée.

Depuis février 2023, de nouvelles données sont en cours d’acquisition dans le but de mieux connaître les habitats des dauphins et leurs mouvements et comprendre leurs relations avec leurs proies, leur environnement ainsi que leurs interactions avec les engins de pêche.

L’ouverture de cette plateforme numérique de concertation citoyenne amorce le démarrage du second volet du projet qui vise à élaborer des scénarios de gestion pour réduire les captures accidentelles de dauphins. Les porteurs du projet Delmoges l’utiliseront pour observer les débats et identifier les enjeux et les critères prépondérants (contraintes, coûts, risques, acceptabilité, etc.) pour les acteurs vis-à-vis de différents scénarios de gestion. Cette plateforme est pensée pour faciliter les débats et s’articule autour de deux grands espaces :

• « Le Parlement du golfe de Gascogne » dans lequel chaque participant peut prendre connaissance des débats en cours et formuler ses propositions.

• « La Bibliothèque d’aide aux débats » au sein de laquelle, pour documenter leurs solutions, les contributeurs trouvent des connaissances actualisées et publiées. Chacun peut enrichir les rayons de la bibliothèque de nouveaux documents. Chaque contributeur pourra suivre l’évolution de ses propositions et de celles pour lesquelles il aura voté favorablement.

Rendez-vous sur https://concertation-delmoges.univ-lr.fr

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Source : CNRS

L’intensification de l’agriculture est à l’origine de la disparition des oiseaux en Europe

Environ 20 millions. C’est le nombre moyen d’oiseaux disparaissant en Europe d’une année sur l’autre, depuis près de 40 ans. Soit 800 millions d’oiseaux en moins depuis 1980. Ces chiffres viennent d’être établis grâce à une équipe européenne qui a démontré, dans une même étude, la responsabilité dominante de l’évolution des pratiques agricoles.

Les scientifiques ont comparé pour cela plusieurs pressions liées à l’activité humaine : l’évolution des températures, de l’urbanisation, des surfaces forestières et des pratiques agricoles. Ils ont ainsi pu quantifier et hiérarchiser pour la première fois leurs impacts sur les populations d’oiseaux, en rassemblant le jeu de données le plus complet jamais réuni : 37 ans de données de 20 000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces d’oiseaux différentes. Celles-ci permettent même d’observer finement l’effet des pressions cumulées à l’échelle de chaque pays, d’une année sur l’autre.

Si les populations d’oiseaux souffrent de ce « cocktail » de pressions, les recherches montrent que l’effet néfaste dominant est celui de l’intensification de l’agriculture, c’est-à-dire de l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectares. Elle a entraîné le déclin de nombreuses populations d’oiseaux, et plus encore celle des oiseaux insectivores. En effet, engrais et pesticides peuvent perturber l’équilibre de toute la chaîne alimentaire d’un écosystème.

L’autre pression la plus importante est celle liée à l’augmentation globale des températures, qui touche bien sûr plus durement les espèces préférant le froid, avec 40 % de déclin, mais n’épargne pas les espèces préférant le chaud, avec 18 % de déclin. Enfin, si le nombre d’oiseaux a chuté à l’échelle du continent, certains écosystèmes sont plus durement touchés que d’autres : alors que le nombre d’oiseaux forestiers a diminué de 18 %, ce chiffre monte à 28 % pour les oiseaux urbains et bondit à 57 % pour les oiseaux des milieux agricoles.

La France est un bon miroir de la situation européenne : elle figure néanmoins parmi les pays dont la surface agricole exploitée de manière intensive est la plus élevée mais aussi parmi ceux dont cette surface a le plus augmenté récemment. La température a également augmenté d’environ 1 °C entre 1996 et 2016, la surface artificialisée est supérieure à la moyenne européenne et la couverture forestière inférieure à la moyenne européenne même si elle s’est accrue depuis 1996. Le nombre d’oiseaux agricoles et forestiers a diminué de 43 % et 19 % respectivement. Le nombre d’oiseaux nichant en milieu urbain a lui augmenté de 9 %. Certaines espèces ont vu leur population chuter de manière spectaculaire : -75 % environ pour le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, par exemple.

Ce déclin illustre la répercussion des activités humaines sur tout un groupe d’espèces aux exigences très différentes. C’est la signature d’une dégradation environnementale profonde. Plus directement, les oiseaux sont impliqués dans des interactions fondamentales dans les écosystèmes : prédation et régulation d’autres espèces, dissémination des graines, ressources pour d’autres espèces prédatrices. Leur disparition met ainsi en péril l’ensemble des écosystèmes.

Ces travaux démontrent l’urgence de repenser le mode de production alimentaire actuel. Ils ont bénéficié du soutien de l’Office français de la biodiversité et impliqué en France des scientifiques de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (CNRS/IRD/Université de Montpellier) et du Centre d’écologie et des sciences de la conservation (CNRS/MNHN/Sorbonne Université).

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Source : CNRS

Photo : Aurélien Audevard

L’intestin comme remède au vieillissement. L’exemple des poissons

Dans une approche anti-âge et pour la santé en général, le rôle de l’intestin est primordial. Il y a plus d’un siècle, Elie Metchnikov a constaté que le vieillissement découle d’une inflammation accrue de l’intestin et l’infiltration de microbes dans la circulation sanguine. Plus nous vieillissons, moins le tube digestif joue son rôle de barrière et ainsi laisse passer certaines particules et bactéries indésirables qui entrainent le vieillissement plus rapide de l’organisme.

Dans une nouvelle étude, l’équipe de Miguel Godinho Ferreira de l’Ircan – l’Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice (CNRS/Inserm/Université Côte d’Azur) – a étudié chez le poisson zèbre l’influence de la longueur des télomères dans les cellules de l’intestin sur le vieillissement. En effet, comme chez les humains, ces extrémités de chromosomes raccourcissent plus vite dans l’intestin que dans les autres organes au cours de la vie. C’est pourquoi ce processus joue un rôle très important dans le vieillissement.

Les scientifiques ont inséré dans le poisson zèbre un fragment d’ADN permettant aux cellules intestinales de produire l’enzyme responsable de l’allongement des télomères, la télomérase. Ils ont alors observé le ralentissement non seulement du déclin de cet organe mais surtout le vieillissement de tout l’organisme. Ce phénomène régénère la fertilité et la santé générale des individus au fil du processus normal du vieillissement et augmente la durée de vie sans risque associé de développer un cancer.

La proximité entre la longueur des télomères du poisson zèbre et celle de l’Homme ouvre des perspectives pour contrer le vieillissement. En parallèle les chercheurs souhaitent étudier les pathologies associées au raccourcissement des télomères comme le cancer, les maladies neurodégénératives, immunitaires et gastro-intestinales.

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Source : CNRS

Photo : Oregon State University/Wikicommons

Les invasions biologiques, aussi coûteuses que des catastrophes naturelles

En envahissant de nouveaux milieux, certaines espèces exotiques ont des conséquences désastreuses sur les espèces locales, les écosystèmes, mais aussi sur les activités humaines. Dégradation d’infrastructures, de cultures, de plantations forestières, impacts sur les rendements de pêche, la santé ou encore le tourisme, les domaines touchés sont multiples et les dégâts onéreux.

L’équipe de recherche internationale dirigée par des scientifiques du laboratoire Écologie, systématique et évolution (CNRS/Université Paris-Saclay/AgroParisTech) révèle par une nouvelle étude un ordre de grandeur évocateur : l’impact économique mondial de ces invasions biologiques est équivalent à celui de catastrophes naturelles. De 1980 à 2019, les pertes financières dues aux espèces exotiques envahissantes s’élèvent à 1208 milliards de dollars (US), contre près de 1914 milliards de dollars de pertes causées par les tempêtes, 1139 milliards de dollars attribués aux tremblements de terre ou encore 1120 milliards de dollars dus aux inondations.

Les scientifiques ont également découvert que les coûts des invasions biologiques augmentent plus rapidement que ceux induits par les catastrophes naturelles sur une période donnée. Les espèces envahissantes ont un effet durable et cumulatif : par exemple, la moule zébrée est capable de se fixer à une grande variété de substrats, ravageant aussi bien les coques de bateaux que les canalisations de centrales nucléaires. Or, sa prolifération est particulièrement problématique en Amérique du nord.

À ce jour, les investissements dédiés aux dispositifs de prévention et de gestion des invasions biologiques sont dix fois moins élevés que les pertes financières engendrées par ce phénomène. Pour l’équipe de recherche, ces résultats appellent au déploiement de plans d’action et d’accords internationaux afin de limiter la dissémination des espèces exotiques envahissantes, analogues à ceux mis en œuvre dans le cadre des catastrophes naturelles.

Ces résultats ont été obtenus grâce à la base de données Invacost, qui recense à ce jour plus de 13 500 coûts dus aux invasions biologiques dans le monde. Les coûts des catastrophes naturelles à l’échelle mondiale ont quant à eux été établis avec la base de données internationale sur les catastrophes (International Disaster Database) et aux données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

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Source : CNRS

170 espèces d’araignées menacées en France

Qu’elles fascinent ou qu’elles suscitent la crainte, les araignées sont souvent méconnues. Présentes dans une multitude d’habitats, ces espèces forment un groupe très diversifié, observé aussi bien dans les prairies ouvertes et les zones humides que dans les massifs forestiers ou les grottes, des zones sableuses littorales aux versants rocheux d’altitude. Elles jouent un rôle clé dans les écosystèmes en régulant les populations d’insectes et constituent de bons bioindicateurs de la qualité des milieux. Parmi les 1622 espèces natives recensées en France métropolitaine, on dénombre 127 espèces endémiques, qui n’existent nulle part ailleurs au monde. L’état des lieux inédit qui vient d’être réalisé révèle les pressions multiples et leurs effets souvent cumulés qui pèsent sur les araignées de l’Hexagone.

Dégradation et destruction des habitats naturels

Pour un grand nombre d’araignées, la dégradation et la destruction des habitats naturels représentent des menaces majeures. Les espèces de prairies sont notamment affectées par l’artificialisation croissante liée aux constructions et aux aménagements, comme la Cyclosa insulaire classée « Vulnérable ». Les araignées vivant en forêt pâtissent de l’exploitation du bois et de la sylviculture intensive qui tend à faire disparaître les vieux arbres. La Tégénaire rouillée est ainsi aujourd’hui « En danger ».

Pour les espèces inféodées aux milieux humides, l’urbanisation entraîne la disparition d’habitats sensibles avec le comblement de zones humides ou l’aménagement des berges. Ces espèces subissent aussi les modifications du régime hydrique causées par le drainage ou l’assèchement à des fins agricoles, comme la Dolomède des roseaux classée « En danger ».

Pollutions, fréquentation excessive et collecte

Les produits nocifs pour l’environnement affectent directement certaines araignées en les contaminant par exposition, ou indirectement en réduisant la disponibilité de leurs proies. C’est le cas de l’Érèse sandalion, classée « Quasi menacée », dont les proies se raréfient à cause de l’usage de pesticides. Les pollutions agricoles, industrielles et urbaines tendent aussi à rendre les zones humides inhospitalières pour les espèces qui y vivent, comme l’Argyronète, une araignée au mode de vie subaquatique classée « En danger ».

La fréquentation excessive des milieux représente une autre menace pour les espèces cavernicoles, telles que la minuscule Trogloneta, particulièrement sensible au dérangement lié à l’exploration spéléologique récréative. Le tourisme balnéaire, qui incite au nettoyage systématique des plages, est quant à lui néfaste pour les espèces des habitats fragiles du littoral. La Dictyne des posidonies, qui vit uniquement dans les feuilles des plantes marines échouées sur les plages, en est par exemple victime. Toutes deux sont classées « En danger ».

Enfin, de manière plus ponctuelle, le prélèvement de spécimens dans la nature à des fins de collection, de commerce ou pour la terrariophilie menace un certain nombre d’araignées, notamment l’Érèse sandalion.

Changement climatique

Le changement climatique constitue une menace croissante, altérant la qualité de l’habitat des espèces. Les araignées montagnardes sont particulièrement concernées par la hausse des températures, qui contraint les populations à monter en altitude pour conserver des conditions favorables. Cela concerne par exemple la Coelotes catalane, classée « Vulnérable ». Ces déplacements imposés par le réchauffement peuvent parfois être entravés par la dégradation des milieux ou même devenir impossibles en l’absence d’autres habitats propices.

Les sécheresses frappent des espèces du sud de la France, comme celles du genre Nemesia, de petites mygales creusant des terriers, dont les femelles et leur progéniture peuvent succomber à la déshydratation dans leur refuge. La Mygale du Luberon, endémique de France métropolitaine, est ainsi classée « En danger critique » et a peut-être même déjà disparu. Ces événements augmentent la fréquence des feux de forêt et de garrigue, mettant en péril les espèces qui y vivent.

Sous l’effet du réchauffement, l’érosion côtière amplifiée par la montée du niveau de la mer affecte aussi les espèces littorales, telles que le Mogrus des plages qui fréquente les milieux dunaires, désormais « Vulnérable ».

Enjeux pour l’avenir

Sur le plan des connaissances, l’analyse révèle un manque d’informations pour plus de 30 % des araignées. Les espèces dont la répartition en France est encore mal connue ont dû être classées dans la catégorie « Données insuffisantes ». Parmi celles-ci, certaines pourraient malgré tout être menacées : leur classement dans cette catégorie encourage le développement de prospections de terrain et l’amélioration des connaissances pour préciser leur situation.

Malgré les menaces qui pèsent sur les araignées, aucune espèce ne fait à ce jour l’objet d’un programme de conservation dédié ou de mesures de protection spécifiques. L’état des lieux souligne en particulier l’importance de renforcer la préservation des habitats naturels par la mise en place d’aires protégées ou d’une gestion adaptée pour assurer leur sauvegarde à long terme. Les résultats de la Liste rouge nationale devront contribuer à orienter les stratégies de connaissance et les priorités d’action pour préserver l’exceptionnelle diversité de ces espèces essentielles à nos écosystèmes.

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Source : UICN