3 questions à Laurent Baheux3 min de lecture

Laurent Baheux est photographe et auteur du documentaire "Félins, Noir sur Blanc" diffusé sur Ushuaïa TV le mardi 11 mai à 20h45.

Vous dites ressentir « moins de danger à saisir l’intimité des animaux sauvages qu’à vivre parmi les hommes ». Le tournage de Félins, Noir sur Blanc l’a-t-il confirmé ?

Oui absolument : lorsque je suis en Afrique sur le territoire des animaux, je ressens toujours une grande sérénité parce que je sais où est ma place et quelles sont les règles pour ne pas se mettre en danger ni perturber le quotidien des animaux. Au milieu des hommes, il m’arrive de temps en temps de ne pas me sentir en sécurité parce que je ressens une agressivité ou a minima une tension dans les rapports qui existent entre humains.

 

En plus de 20 ans de carrière, quel est votre plus beau souvenir au contact du monde sauvage et de ses espèces ?

Je n’en suis pas à hiérarchiser mes souvenirs parce que je vis intensément le moment présent et parce que chaque nouveau périple au contact de la vie sauvage m’apporte son lot de sensations fortes et de moments inoubliables. Donc je fais une sorte de « reset » à chaque nouvelle aventure, ce qui me permet de garder une certaine naïveté, de la fraicheur et l’envie de faire de nouvelles images. Et puis le spectacle offert par la nature est sans cesse renouvelé, même lorsque je retourne dans un endroit connu, il ne se passe jamais la même chose…

 

Quel supplément d’âme le noir et blanc apporte-t-il à une photographie ?

Le noir et blanc m’apporte l’émotion et la liberté : il transpose et permet l’abstraction du sujet. Il créé une distance nécessaire pour s’affranchir des conventions et pour amener la réalité vers l’interprétation que veut en faire le photographe pour se l’approprier. Pour ma part, il s’agit de chercher l’épuration pour sublimer le réel. Soustraire les couleurs permet de réduire l’information visuelle et aide à rendre visible l’essentiel. Comme le clair-obscur en peinture, l’ombre et la lumière est en quelque sorte l’alpha et l’oméga du photographe : en supprimant la couleur qui distrait, je peux mettre l’accent sur la texture, les formes, la composition.
Je considère la couleur comme une distraction. Or, il s’agit du contenu de mon sujet, du caractère, de la personnalité, de l’âme de ces animaux et non pas de la couleur de leur peau. J’aime le côté intemporel et poétique, l’unité esthétique, la cohérence chromatique et la simplicité de lecture qu’offre le noir et blanc à mes images qui n’ont pas besoin de la valeur informative de la couleur qui viendrait surcharger l’image de manière superflue. J’utilise le noir et blanc pour essayer de refléter quelque chose que je perçois, ressens et comprends du monde animal afin de raconter ma propre vérité avec un regard forcément subjectif. Le noir et blanc permet également de se  rapprocher graphiquement du croquis.

© Ushuaïa TV

 

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Félins, Noir sur Blanc, un documentaire diffusé sur Ushuaïa TV le mardi 11 mai à 20h45. Disponible ensuite en replay pendant 60 jours. Rediffusion le dimanche 16 mai à 11h10

Auteur : Laurent Baheux
Réalisateur : Mathieu Le Lay
Coproduit par Bonne Pioche Télévision et Ushuaïa TV