L’UICN, gardienne de la biodiversité4 min de lecture

L’UICN, surtout connue pour sa fameuse liste rouge, s’est donné pour mission de protéger la biodiversité et travaille avec les institutions et les compagnies privées au niveau mondial pour défendre les intérêts des espèces végétales et animales.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), fondée en 1948 à Fontainebleau, est la plus grande organisation non gouvernementale au monde dédiée à la conservation de l’intégrité et de la diversité de la nature. Il s’agit d’un vaste programme demandant toutes les ressources possibles, et réunissant de nombreux États et agences gouvernementales, plus de 1100 ONG et plus de 16 000 experts scientifiques à travers le monde.

Ses différentes missions se jouent sur des terrains variés : l’éducation et la communication pour former à l’utilisation durable des ressources naturelles ; le conseil politique pour concilier économie, société et conservation de la diversité biologique ; le développement d’outils juridiques pour renforcer le droit de l’environnement ; la gestion des écosystèmes ; le conseil technique pour la sauvegarde des espèces et l’établissement et la gestion d’aires protégées. L’UICN exerce donc une influence considérable sur tous les biais de la conservation de la nature, aux niveaux privé et public. C’est en quelque sorte une sentinelle et une éminence de la conservation de la nature qui joue un rôle de veille et d’information sur l’état de la biodiversité, et préconise les solutions à adopter pour la protéger.

À partir de critères bien définis, les experts de chaque espèce réalisent une estimation du danger d’extinction qui la menace. Ils prennent par exemple en compte la taille totale de sa population, sa distribution, son éventuel déclin, la disparition de son habitat naturel, le nombre d’individus ayant atteint leur maturité sexuelle et la durée des générations. Une analyse quantitative des populations et des dangers qu’elles courent permet de classer chaque espèce parmi neuf catégories : espèce disparue (EX) ; espèce disparue survivant uniquement en élevage (EW) ; espèce en danger critique d’extinction (CR) ; espèce en danger (EN) ; espèce vulnérable (VU) ; espèce quasi menacée (NT) ; préoccupation mineure (LC) ; données insuffisantes (DD) ; non évalué (NE).

L’objectif global de l’UICN est de réévaluer ce statut si possible tous les cinq ans, et tous les dix ans au maximum. Toutefois, lorsqu’un animal est officiellement déclaré éteint, la réévaluation est précipitée. Le réexamen régulier de l’état des espèces permet à l’organisation d’observer des tendances et de voir si le statut de chacune d’entre elles s’améliore, reste stable ou se dégrade. Cette évolution peut également être analysée au niveau d’une région du monde, d’un écosystème ou à l’échelle globale pour offrir une sorte de “baromètre du vivant”. C’est ce qui a été fait récemment, et les nouvelles sont mauvaises : la biodiversité mondiale est en baisse constante, avec plus de 23 000 espèces menacées d’extinction à ce jour, dont 41 % d’amphibiens, 34 % de conifères, 33 % de coraux de récif, 25 % de mammifères et 13 % d’oiseaux. Si ces chiffres sont alarmants, ils servent de base et d’argument à l’UICN pour appuyer son travail et tenter, si ce n’est d’inverser la tendance, au moins de stopper le déclin de la biodiversité.

 

L’UICN en France

Le Comité français de l’UICN est une association formée d’un partenariat entre deux ministères (celui de l’Écologie et celui des Affaires étrangères), de 8 organismes publics et de 42 ONG, ainsi que de plus de 250 experts. Son but est de favoriser les politiques de développement durable en France et de veiller à la protection des espèces au niveau national, que ce soit en métropole ou dans les DOM-TOM, qui sont d’importants lieux de biodiversité.

Une liste rouge des espèces menacées est également dressée pour le territoire français en collaboration avec le Muséum national d’Histoire naturelle, permettant de dresser un bilan des menaces pesant sur la faune et la flore nationales ainsi que leur risque de disparition au sein de nos frontières. Actuellement, en France métropolitaine, 14 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens et 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition sur le territoire.

 

Par Camille Oger