Comment l’homme influence la survie des lycaons3 min de lecture

Une étude parue le 7 juin dernier dans "Ecology and Evolution", établissant un lien entre le changement climatique et la mortalité des lycaons d’Afrique, révèle que l’activité humaine est responsable de près de la moitié des décès.

Les lycaons d’Afrique (Lycaon pictus) sont classés comme en danger sur la liste rouge de l’UICN, avec une population en baisse estimée à environ 1400 individus adultes.

Les résultats de l’étude menée par la ZSL (Société zoologique de Londres), Predator Conservation Trust et African Wildlife Conservation Fund sur des sites au Kenya, au Botswana et au Zimbabwe indiquent que des températures ambiantes plus élevées peuvent accroître le risque de mortalité due à d’autres causes, un phénomène qui a également été observé dans le cadre d’études réalisées sur les humains. Les chercheurs de ZSL avaient déjà montré que les lycaons modifient le moment où ils chassent et le choix de leur habitat par temps chaud. Cette nouvelle étude indique que ces changements de comportement amènent les lycaons à entrer davantage en conflit avec les éleveurs et les exposent à des maladies propagées par les chiens domestiques. Ces causes représentent ainsi 44 % de tous les décès de chiens africains ayant eu lieu sur les sites d’étude entre 2002 et 2017.

D’après les chercheurs, la taille de la meute joue un rôle important dans la survie des chiens sauvages africains, suggérant que les meutes ayant de nombreux membres sont plus à même de se défendre, de prendre soin des individus et d’éviter les prédateurs, les concurrents (pour la nourriture et le territoire) et les humains. Les attaques commises par les hommes et la propagation de maladies par les chiens domestiques mettent en péril ces meutes en réduisant dangereusement le nombre de lycaons.

L’auteur principal de l’étude, le Dr Daniella Rabaiotti, de l’Institut de zoologie de la ZSL, explique : « Les températures plus élevées, qui limitent la possibilité pour les lycaons de chasser, risquent également de laisser les individus sous-alimentés, compromettant leur système immunitaire et les rendant de fait plus sensibles aux maladies véhiculées par les chiens domestiques. Ces pressions sur la taille de la meute, qui est elle-même un indicateur important des chances de survie, pourraient mener les lycaons vers l’extinction. »

Le Dr Daniella Rabaiotti poursuit : « Il ressort clairement de notre étude que les impacts humains sur la mortalité des lycaons africains sont considérables. Ceci est particulièrement préoccupant car, en tant qu’espèce hautement sociale avec une forte hiérarchie, le fait que les hommes tuent certains individus particuliers peut avoir un impact disproportionné au niveau de la population. Si un mâle est tué, les membres de la meute peuvent se séparer, ce qui réduit la capacité du groupe à chasser, à se reproduire et à combattre les prédateurs concurrents. »

Tout espoir n’est cependant pas perdu : « La bonne nouvelle est que nos résultats indiquent que l’impact du changement climatique sur la mortalité des lycaons africains pourrait être atténué à la fois localement et mondialement ; en réduisant notre empreinte carbone individuelle, nous pouvons tous contribuer à la survie de ces animaux incroyables. »

Source : ZSL

Photos © DICE / Helen O’Neill ; ZSL / Whipsnade Zoo