Les superpouvoirs des insectes5 min de lecture

Les insectes regroupent des espèces d’une extrême diversité. L’entomologiste François Lasserre nous donne quelques exemples de ces animaux aux capacités étonnantes.

La mouche en scaphandre
En France, plus de 4000 insectes vivent en eau douce ; ce sont les crustacés qui vivent en eau salée. Pourtant, une mouche fait exception. En Californie, dans un lac très salé, seules quelques plantes et bactéries parviennent à survivre. Une mouche a toutefois la particularité de pouvoir s’enfermer dans une bulle d’air. Grâce à ses poils, elle parvient à se former une poche d’air pour descendre sous l’eau, comme si elle portait un scaphandre. Elle peut ainsi brouter au milieu des bactéries sans être embêtée. Cette espèce s’y plaît tellement qu’il peut y avoir des millions de mouches sur un 1 m² !

 

Une reproduction sans mâle !
Certains insectes sont parthéno-génétiques, c’est-à-dire qu’ils sont capables de pondre des œufs sans spermatozoïdes et d’obtenir malgré tout une descendance. Les individus seront cependant toujours du même sexe. Ainsi, chez certains phasmes, il n’y a que des femelles, qui sont quasiment identiques. Un problème se pose toutefois quand l’environnement change car l’espèce ne peut pas s’adapter. En effet, l’adaptation se fait au moment de la mutation lorsqu’il y a sexualité.

 

Les papillons chantent
Il existe 5000 sortes de papillons en France, mais comme tous les insectes qui ont besoin de diversité, ils pâtissent de notre présence et de notre occupation de l’espace. Parmi ces nombreuses espèces, certaines chantent, notamment pour séduire une femelle. Le sphinx tête de mort siffle quant à lui de façon très audible pour éloigner un prédateur, ou lorsqu’on le prend dans la main. Certains papillons de nuit ont développé la capacité d’entendre les chauves-souris et même d’émettre un son qui peut les effrayer.

 

La migration des insectes
Les oiseaux sont probablement les migrateurs les plus connus, mais certains insectes effectuent aussi de longs voyages, à l’image du monarque, qui va du Canada jusqu’au Mexique. La migration est en réalité très banale chez les insectes. De nombreux papillons que l’on peut observer en France viennent par exemple d’Afrique chaque année, comme le vulcain, ou la Belle-Dame. Certaines espèces parcourent ainsi jusqu’à 5000 km, parfois en quelques jours seulement ! À la différence des oiseaux, toutefois, ce n’est jamais le même individu qui revient, en raison de son espérance de vie plus courte.

 

Les fourmis kamikazes
À Bornéo, des fourmis kamikazes sont capables de remplir de grosses glandes de glue. Si elles sont menacées et qu’elles mordent un prédateur, leurs muscles se contractent tellement qu’elles explosent, libérant les produits nocifs. Leur sacrifice permet ainsi de sauver leur reine et la colonie.

Le plancton aérien
Chaque été, une colonne de milliards d’insectes, que l’on nomme planton aérien, passe au-dessus de nous. Il s’agit d’insectes qui volent, qui migrent, ou qui sont emportés malgré eux par les courants thermiques. Un termite a ainsi été retrouvé à 5800 m, soit la plus haute altitude enregistrée pour un insecte vivant ! Parmi ce plancton aérien se trouvent également de petites araignées qui arrivent à se fabriquer un fil qui leur permet de se déplacer à la façon d’un ballon dirigeable.

 

Résister au gel
Certains insectes parviennent à vivre dans le désert, tandis que d’autres arrivent à supporter le gel. Ces espèces sont dotées d’AFP (Antifreeze proteins), des protéines qui empêchent les cellules de geler, permettant aux individus de survivre à des températures allant jusqu’à -40 °C.

 

Des insectes inventeurs
On entend parfois que les fourmis élèvent des pucerons, ce qui n’est pas tout à fait exact, car cela impliquerait de les nourrir. Ces fourmis vont toutefois jusqu’à fabriquer une sorte d’étable de terre pour les pucerons. Elles peuvent ainsi récupérer leurs crottes constituées de sucre (du miellat) dont elles raffolent.
Sous les tropiques, certaines fourmis vont jusqu’à faire pousser dans leurs fourmilières un champignon dont elles se nourrissent. Des ouvrières vont chercher de gros morceaux de feuilles, les rapportent à la fourmilière, puis d’autres fourmis les découpent en lamelles et les mettent au pied du champignon pour le nourrir en se décomposant. Elles vont même jusqu’à mettre de l’engrais, en faisant leurs besoins à côté, pour enrichir le sol. Pour résumer, ces fourmis maîtrisent l’agriculture !

 

Les bourdons ont de la culture
Les animaux auxquels on pense quand on parle de culture sont les primates non humains. Ainsi, certains macaques lavent leur nourriture dans de l’eau et les petits les regardent et apprennent à leur tour. C’est une culture de cette population, qui n’existe pas chez une autre population de la même espèce.
Il existe des cultures partout, même chez les insectes. Lors d’une étude sur les bourdons, un individu a été mis dans une situation où il devait tirer sur une ficelle pour obtenir du liquide sucré. Le bourdon a compris très rapidement comment obtenir la récompense. Un individu issu de la même colonie a ensuite été placé avec le premier bourdon. Il a observé son congénère et a appris à son tour comment obtenir le liquide sucré. Les deux bourdons avaient ainsi la même culture.

 

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Yolaine de la Bigne est la fondatrice du site “L’animal et l’homme”. Elle partage avec nous ses rencontres autour des intelligences animales.

Pour écouter plus d’interviews de François Lasserre : www.lanimaletlhomme.com