Des crapauds adoptent une stratégie inédite chez les animaux pour survivre aux activités humaines

Aujourd'hui, près de 95 % de la surface terrestre présente des traces d'altérations humaines. Comment ces altérations de l’environnement influencent-elles la taille des populations de certains amphibiens ?

Pour le savoir, une équipe de 62 scientifiques, issues de sept pays européens, ont suivi pendant 25 ans, 21 000 sonneurs à ventres jaunes, une espèce européenne de crapauds en danger et aujourd’hui protégée. Dans une publication parue dans la revue PNAS cette semaine, ils montrent que dans un habitat modifié par l’être humain, ces animaux ont une survie adulte plus faible, un vieillissement accéléré, et un temps de génération plus court que dans un habitat préservé. Les scientifiques ont de plus relevé une surprise : dans les habitats modifiés par l’être humain, la surmortalité des adultes est compensée par une augmentation de la reproduction, et une meilleure survie des jeunes individus. Ce mécanisme, appelé recrutement compensatoire, assure, en moyenne, la viabilité à long terme des populations. L’une des hypothèses avancées pour expliquer ce phénomène est la baisse du risque de prédation sur les têtards, induite par les perturbations humaines. Le recrutement compensatoire est un phénomène rarement observé dans la nature, et c’est la première fois qu’il est rapporté chez une espèce animale en réponse à l’intensification des activités humaines.

Les chercheurs et chercheuses nuancent cependant cette découverte en rappelant que malgré tout, près de 45 % des populations étudiées montrent des signes de déclin.

 

Source : CNRS