Les monts d’Azur

Dans les monts d’Azur, on travaille au “réensauvagement”, m’explique Patrice Longour, le propriétaire des lieux. Et cela passe selon lui par la réintroduction d’espèces ancestrales de la faune sauvage, datant du néolithique.

La réserve fait plus de 700 hectares. C’est un havre de paix pour ces animaux où l’homme est un invité, comme se plaît à le dire Patrice Longour. Le public peut venir en visite profiter des grands espaces et admirer les animaux à l’occasion d’une promenade à pied ou en calèche avec l’un des guides du parc.

Pour les besoins du tournage de mon émission, j’ai choisi de poser nos caméras près de l’étang, à la tombée du jour. Patrice m’avait prévenu : « Tu vas voir, tu es au spectacle de la nature. C’est magique. » Il ne m’avait pas menti.

Il est 19 h. La lumière se fait plus rare et le ciel d’été se colore de rose et de rouge flamboyants. Peu à peu, la forêt se met en mouvement, un bruissement émane de son centre, j’ai l’impression que quelque chose descend des montagnes et se dirige doucement vers nous. Mes yeux doivent s’habituer encore un peu à ce clair-obscur. J’essaie de comprendre et de voir ce qu’il se passe. Tous mes sens sont en éveil, je suis comme un spectateur qui attend le lever de rideau.

La plaine est encore silencieuse et toute l’équipe de tournage retient son souffle. Petit à petit, le son se fait de plus en plus présent ; il y a du mouvement entre les arbres, mais je ne vois toujours rien. Les branches craquent, quelque chose se prépare. Une envolée de canards m’indique qu’il faut nous tenir prêts… Silence… Puis, en une fraction de seconde, nous voyons bondir de la forêt des dizaines de cerfs, des chevaux, des bisons, des sangliers au galop. Ils courent vers nous, nous n’en revenons pas. Tous ces animaux sauvages se regroupent devant nous, autour de l’étang, pour s’abreuver et se nourrir. Nous sommes dans une scène du Roi lion.

Ce moment-là est à nous. À eux. Nous filmons tout en étant conscients de vivre un moment qui restera gravé dans nos mémoires.

Réconcilier l’homme avec la vie sauvage, tel est le pari de Patrice et de sa femme Alena. Ce couple de passionnés veut même aller encore plus loin en créant une “université du sauvage”. Pour eux, la crise sanitaire que nous vivons est la preuve irréfutable que nous connaissons mal le processus de la vie sauvage ; il faut donc réagir urgemment en éduquant.

Ce futur centre d’étude, qui sera implanté sur le domaine, proposera plusieurs thématiques : un pôle destiné aux plus jeunes, consacré à l’éducation à l’environnement et à la biodiversité ; une formation professionnelle et universitaire dédiée aux questions environnementales et en particulier à l’étude entre l’homme et la vie sauvage ; et un dernier volet qui s’attachera aux questions du développement touristique et économique. « Nous avons un défi immense à relever, m’explique Patrice Longour. Nous ne pouvons plus perdre de temps. Il faut mieux gérer nos ressources naturelles sans les gaspiller et, surtout, en acceptant d’être totalement dépendants de la nature. Le monde sauvage qui nous entoure fabrique l’air que nous respirons, nous donne à manger, produit nos vêtements, nos médicaments… Il faut donc lui redonner toute sa place dans nos sociétés, et c’est ce que nous allons enseigner dans notre université. »

Jean de la Fontaine disait : « Je me sers des animaux pour instruire les hommes. » Trois siècles plus tard, Patrice et Aléna Longour font partie de ceux qui continuent d’œuvrer en ce sens, malgré les réticences et les doutes de certains.

 

Par Gérald Ariano

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Dans chaque épisode d’“Une vie de bêtes” sur Ushuaïa TV, Gérald Ariano part à la rencontre des professionnels du monde animal. Chacune de ces rencontres est l’occasion pour lui de travailler à leurs côtés et de découvrir les particularités de ces métiers passionnants.

© TF1 ; G2AMEDIA

Un requin ailé planait dans les océans du crétacé

La famille des requins s’agrandi. Une équipe internationale de paléontologues menée par un chercheur du CNRS de Géosciences a fait une curieuse découverte : un fossile de requin ailé. Cette découverte est si surprenante qu’elle a fait la une de la prestigieuse revue Science le 19 mars 2021.

Les scientifiques ne connaissaient jusqu’alors qu’une seule catégorie de grands mangeurs de planctons dans les eaux du crétacé : de grands poissons osseux (pachycormidés), aujourd’hui disparus. Mais grâce à cette découverte, ils savent désormais qu’un second groupe, celui des requins-aigles, nageait également dans les mers du crétacé.

En effet, il y a 93 millions d’années, de drôles de requins ailés évoluaient dans les eaux du golfe du Mexique. Cette espèce fossile inédite, baptisée Aquilolamna milarcae, a permis à ses découvreurs de définir une nouvelle famille. Ces “requins-aigles” se caractérisent, comme pour les raies mantas, par des nageoires pectorales extrêmement longues et fines rappelant des “ailes”. Le spécimen étudié mesurait 1,65 m de longueur pour une envergure de 1,90 m. Aquilolamna milarcae possédait une nageoire caudale au lobe supérieur bien développé, typique de la plupart des requins de haute mer, comme le requin-baleine ou le requin-tigre. Ainsi, l’ensemble de ses caractères anatomiques lui conférait une apparence chimérique entre requin et raie. Avec sa large gueule aux dents supposées de très petite taille, il devait se nourrir de plancton.

Le fossile complet a été trouvé au Mexique en 2012, à Vallecillo, un gisement à la conservation exceptionnelle. Ce site, déjà réputé pour ses nombreux fossiles d’ammonites, poissons osseux et autres reptiles marins, permet de documenter l’évolution des animaux océaniques. Tout en nous renseignant sur la structure des écosystèmes marins du crétacé, la découverte des requins-aigles révèle une nouvelle facette, jusque-là insoupçonnée, de l’histoire évolutive des requins.

Faire le ménage a du bon !

Varroa destructor, un petit acarien parasite, est un véritable fléau pour les abeilles domestiques puisqu’il peut décimer des colonies entières. Identifié comme l’une des causes de la diminution du nombre d’abeilles dans le monde, il fait l’objet de mesures de lutte spécifiques intégrées au “plan pollinisateur 2020”. En étudiant le comportement de défense des abeilles face à ce parasite, des chercheurs de l’INRAE, du CNRS, de l’université de Rennes 1 et de l’université d’Otago (Nouvelle-Zélande) ont découvert que les alvéoles parasitées émettent un cocktail spécifique de molécules qui déclenche, chez certaines abeilles, un comportement hygiénique consistant à percer et nettoyer les alvéoles contaminées, permettant ainsi de préserver la colonie. Leurs résultats, publiés en janvier dans la revue scientifique Nature Chemical Biology, ouvrent de nouvelles perspectives dans la lutte contre le parasite Varroa destructor par la mise au point de tests de sélection de colonies résistantes pour les apiculteurs. (Source : CNRS)

Le berger australien, chouchou des Français

En 2020, le berger australien s’est une nouvelle fois emparé de la première marche du podium des chiens de race préférés des Français ! C’est le LOF (Livre des origines français) qui comptabilise le nombre d’inscriptions. Le berger australien enregistre ainsi 16 782 inscriptions en 2020, soit une hausse de 14 % par rapport à 2019. En plus de rester à la tête du classement, cette race devient la première à dépasser les 15 000 inscriptions sur une année, record jusqu’ici détenu par le berger allemand qui avait enregistré 16 514 inscriptions en 1980. Le staffordshire bull terrier (ou “staffie”) passe quant à lui devant le berger belge et prend la 2e place du podium. Le berger belge arrive donc en 3e position.
Du côté des noms, 2020 était l’année du R pour les chiens de race. Les prénoms les plus donnés ont été “Ruby” pour les femelles et “Rio” pour les mâles. Pour les chiens de race, 2021 est donc l’année du S. (Source : Centrale canine)

Les oiseaux ont-ils conscience d’eux-mêmes ?

Ces dernières années, les chercheurs ont découvert que les oiseaux sont capables de fabriquer des outils, qu’ils comprennent des concepts abstraits et qu’ils peuvent même reconnaître des peintures de Monet et de Picasso. Toutefois, leur absence de néocortex, la zone du cerveau des mammifères où se trouvent la mémoire ainsi que la capacité de planification et de résolution de problèmes, a longtemps intrigué les scientifiques. Récemment, les chercheurs ont découvert un arrangement jusqu’alors inconnu de microcircuits dans le cerveau aviaire qui pourrait être analogue au néocortex des mammifères. Des chercheurs qui ont mené une autre étude sont allés jusqu’à lier cette région du cerveau à la pensée consciente. Les scientifiques se sont notamment intéressés aux connexions entre les neurones de deux espèces différentes : les pigeons et les hiboux. Ils ont découvert des circuits similaires à ceux trouvés dans le néocortex des mammifères. C’est cette neuro-architecture, les connexions entre les structures, plutôt que les structures elles-mêmes qui explique pourquoi les oiseaux sont aussi talentueux que les mammifères cognitivement parlant.

Mais les oiseaux sont-ils conscients de ce qu’ils voient et font ? Pour le savoir, Andreas Nieder, neurophysiologiste à l’université de Tübingen (Allemagne), a étudié le cerveau des corneilles noires (Corvus corrone). Lui et ses collègues ont utilisé un test similaire à celui employé pour rechercher des signes de conscience (un état censé se produire lors de l’activation soudaine de certains neurones) chez les primates. Ils ont entraîné deux corneilles noires à se déplacer ou à rester immobiles en réponse à un faible signal affiché sur un moniteur. Les oiseaux étaient récompensés lorsqu’ils agissaient correctement. Les scientifiques ont ensuite implanté des électrodes dans le cerveau des corneilles pour enregistrer leurs signaux neuronaux. Lorsque les oiseaux réagissaient, leurs neurones se déclenchaient, suggérant qu’ils avaient consciemment perçu le signal ; quand ils ne le faisaient pas, leurs neurones étaient silencieux. Pour Andreas Nieder, ce “marqueur empirique de la conscience sensorielle dans le cerveau des oiseaux” est semblable à celui observé chez les primates.

Interview – Michèle Bourton  & Céline Brusa

Qu’est-ce que la pédagogie Candide ?
Michèle Bourton : J’ai créé la pédagogie Candide liée à la ronronthérapie en 2012, après avoir démissionné de l’Éducation nationale. Son objectif est de concevoir des écoles de haut niveau, quel que soit le niveau qu’a l’élève au moment où il intègre l’établissement. J’ai donc ouvert une école qui s’appelait Candide, avec 15 élèves par classe, du CP à la 3e générale, pour un total de 75 enfants en 2018. Quinze chats s’y promenaient librement, que ce soit dans la cour ou dans les classes. Chaque matou décidait, selon son humeur, où et vers qui il voulait aller.
Avec la pédagogie Candide, les élèves apprennent ce qu’est un chat, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Ainsi, le problème du bruit dans la classe est rapidement réglé : les élèves sont d’un calme olympien tellement ils désirent avoir un chat sur leurs genoux !
Dans la pédagogie Candide, il n’y a pas un seul devoir à la maison, car cela crée des inégalités terribles entre ceux qui peuvent se faire aider par leurs parents et ceux qui ne le peuvent pas. Ils sont intégrés à l’emploi du temps et réalisés en classe avec le professeur concerné par la discipline. Il n’y a également pas de prise de notes pendant les cours car j’estime que c’est une perte de temps de noter ce qui se trouve déjà dans les manuels. Nous privilégions plutôt l’échange, la discussion, les débats et le développement du sens critique. Les élèves et les professeurs se tutoient, ce qui n’empêche nullement le respect que chacun se doit mutuellement ; l’enfant a plus confiance et ose davantage poser des questions. Enfin, les élèves peuvent se lever quand ils le désirent pour boire et aller aux toilettes, de façon à rester concentrés sur les devoirs.

 

En quoi la présence des chats au sein de l’école a-t-elle été bénéfique ?
Céline Brusa : En raison de son histoire, Michèle a un lien privilégié avec les chats et il était naturel de les avoir près d’elle dans son école. Nous n’avions toutefois pas imaginé tout ce que ces animaux pouvaient apporter aux enfants. Nous avons ainsi assisté à des changements de comportement incroyables et tous les enfants ont vu leurs résultats scolaires progresser significativement. Les chats ont apporté beaucoup de calme et d’apaisement ; les élèves se sentaient beaucoup moins stressés et nous le disaient. Ils ont découvert qu’ils pouvaient être utiles, que les chats avaient besoin d’eux et les attendaient ; leur confiance en eux a vraiment décuplé. Les enfants ont également développé une forme d’empathie les uns envers les autres qui est très différente de celle que l’on voit dans les établissements où il n’y a pas d’animaux. À force de faire attention aux animaux, ils devenaient sensibles les uns aux autres.

Michèle Bourton : Au fil du temps, les chats se sont attribué des rôles. Donald était par exemple notre chat infirmier : quand un élève était malade et se retrouvait à l’infirmerie, le chat arrivait en courant, quel que soit l’endroit où il se trouvait dans l’établissement, et il se mettait sur l’élève et ronronnait. Quand les parents venaient chercher leur enfant, il n’était bien souvent plus souffrant !
Simba était quant à lui notre consolateur : dès qu’un enfant pleurait, le chat montait sur son bureau et le consolait en lui donnant de petits coups de tête, en mettant ses pattes sur son visage et en ronronnant.

 

Comment est née l’ONG Candide International ?
Céline Brusa : Notre école a fermé en mars 2019 parce que les propriétaires souhaitaient vendre les locaux et que nous n’avions pas les moyens de les racheter. Nous avons tout de suite créé l’ONG Candide International parce que nous voulions continuer notre action. Entre-temps, nous avions donné des conférences, avions présenté notre pédagogie à l’ONU et tenions à continuer à la diffuser. Notre objectif est de créer à l’international des écoles dans des réserves animalières. La ronronthérapie, c’est-à-dire le fait d’inclure des chats dans nos établissements, restera toujours l’axe principal de nos actions, mais nous avons élargi nos projets à “l’intelligence animale” dans son ensemble. Si le chat peut avoir une action très spécifique, nous pensons que la médiation par l’animal apporte énormément.
Lors de nos voyages, nous nous sommes rendu compte que dans les pays les plus nécessiteux, les enfants n’avaient pas forcément accès à la connaissance du monde qui les entoure. Ils ne connaissent pas les animaux et la flore et grandissent avec l’idée que ça leur est complètement étranger ; ils ne développent pas forcément de respect pour ces formes de vie. Les personnes haut placées qui s’occupent du développement de ces pays, notamment le Bénin, nous ont ainsi demandé de créer avec elles des programmes pour que les enfants puissent connaître le monde qui les entoure et ainsi devenir des adultes responsables capables d’améliorer le futur de leur pays.

Michèle Bourton : Ces écoles dispenseront des cours de français, de mathématiques, d’anglais, de sciences ou encore d’histoire, c’est-à-dire toutes les matières qui permettent de passer des diplômes. Il y aura en plus un cursus “connaissance du monde de la nature”, aussi bien animal que floral. Par exemple, au Bénin, tous les vendredis après-midi, les élèves sortiront dans la réserve animalière pour étudier les animaux qui y vivent. Il y aura une vraie interaction possible ; il peut se passer tellement de choses à travers un regard. Quand nous apprenons à communiquer avec les animaux, nous ne pouvons qu’avoir envie de les protéger.
Nous avons la chance d’avoir reçu l’autorisation du ministère de l’Éducation et du ministère de l’Environnement du Bénin de développer notre projet d’école. Ils ont été immédiatement emballés par ce concept unique au monde et souhaitent en parler aux pays voisins d’Afrique de l’Ouest pour créer un réseau Candide dans les réserves et sanctuaires animaliers.

© Valentin Williet

 

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Propos recueillis par Élodie Plassat

 

Le plus petit reptile du monde

En 2012, des herpétologues ont découvert un petit caméléon qui sera baptisé Brookesia nana lors d’une expédition au nord de Madagascar, dans les forêts du massif Sorata, à 1300 m d’altitude. À l’époque, ils ignoraient toutefois que les deux individus observés étaient des adultes. En effet, les mâles de cette espèce, plus petits que les femelles, mesurent à peine 13,5 mm du museau à la base de la queue, ce qui en fait les plus petits reptiles adultes jamais étudiés. Mais leur particularité ne s’arrête pas là : leurs organes sexuels (hémipénis) peuvent en effet mesurer jusqu’à 2,5 mm, soit 18,5 % de la taille totale du mâle !

Les superpouvoirs des insectes

La mouche en scaphandre
En France, plus de 4000 insectes vivent en eau douce ; ce sont les crustacés qui vivent en eau salée. Pourtant, une mouche fait exception. En Californie, dans un lac très salé, seules quelques plantes et bactéries parviennent à survivre. Une mouche a toutefois la particularité de pouvoir s’enfermer dans une bulle d’air. Grâce à ses poils, elle parvient à se former une poche d’air pour descendre sous l’eau, comme si elle portait un scaphandre. Elle peut ainsi brouter au milieu des bactéries sans être embêtée. Cette espèce s’y plaît tellement qu’il peut y avoir des millions de mouches sur un 1 m² !

 

Une reproduction sans mâle !
Certains insectes sont parthéno-génétiques, c’est-à-dire qu’ils sont capables de pondre des œufs sans spermatozoïdes et d’obtenir malgré tout une descendance. Les individus seront cependant toujours du même sexe. Ainsi, chez certains phasmes, il n’y a que des femelles, qui sont quasiment identiques. Un problème se pose toutefois quand l’environnement change car l’espèce ne peut pas s’adapter. En effet, l’adaptation se fait au moment de la mutation lorsqu’il y a sexualité.

 

Les papillons chantent
Il existe 5000 sortes de papillons en France, mais comme tous les insectes qui ont besoin de diversité, ils pâtissent de notre présence et de notre occupation de l’espace. Parmi ces nombreuses espèces, certaines chantent, notamment pour séduire une femelle. Le sphinx tête de mort siffle quant à lui de façon très audible pour éloigner un prédateur, ou lorsqu’on le prend dans la main. Certains papillons de nuit ont développé la capacité d’entendre les chauves-souris et même d’émettre un son qui peut les effrayer.

 

La migration des insectes
Les oiseaux sont probablement les migrateurs les plus connus, mais certains insectes effectuent aussi de longs voyages, à l’image du monarque, qui va du Canada jusqu’au Mexique. La migration est en réalité très banale chez les insectes. De nombreux papillons que l’on peut observer en France viennent par exemple d’Afrique chaque année, comme le vulcain, ou la Belle-Dame. Certaines espèces parcourent ainsi jusqu’à 5000 km, parfois en quelques jours seulement ! À la différence des oiseaux, toutefois, ce n’est jamais le même individu qui revient, en raison de son espérance de vie plus courte.

 

Les fourmis kamikazes
À Bornéo, des fourmis kamikazes sont capables de remplir de grosses glandes de glue. Si elles sont menacées et qu’elles mordent un prédateur, leurs muscles se contractent tellement qu’elles explosent, libérant les produits nocifs. Leur sacrifice permet ainsi de sauver leur reine et la colonie.

Le plancton aérien
Chaque été, une colonne de milliards d’insectes, que l’on nomme planton aérien, passe au-dessus de nous. Il s’agit d’insectes qui volent, qui migrent, ou qui sont emportés malgré eux par les courants thermiques. Un termite a ainsi été retrouvé à 5800 m, soit la plus haute altitude enregistrée pour un insecte vivant ! Parmi ce plancton aérien se trouvent également de petites araignées qui arrivent à se fabriquer un fil qui leur permet de se déplacer à la façon d’un ballon dirigeable.

 

Résister au gel
Certains insectes parviennent à vivre dans le désert, tandis que d’autres arrivent à supporter le gel. Ces espèces sont dotées d’AFP (Antifreeze proteins), des protéines qui empêchent les cellules de geler, permettant aux individus de survivre à des températures allant jusqu’à -40 °C.

 

Des insectes inventeurs
On entend parfois que les fourmis élèvent des pucerons, ce qui n’est pas tout à fait exact, car cela impliquerait de les nourrir. Ces fourmis vont toutefois jusqu’à fabriquer une sorte d’étable de terre pour les pucerons. Elles peuvent ainsi récupérer leurs crottes constituées de sucre (du miellat) dont elles raffolent.
Sous les tropiques, certaines fourmis vont jusqu’à faire pousser dans leurs fourmilières un champignon dont elles se nourrissent. Des ouvrières vont chercher de gros morceaux de feuilles, les rapportent à la fourmilière, puis d’autres fourmis les découpent en lamelles et les mettent au pied du champignon pour le nourrir en se décomposant. Elles vont même jusqu’à mettre de l’engrais, en faisant leurs besoins à côté, pour enrichir le sol. Pour résumer, ces fourmis maîtrisent l’agriculture !

 

Les bourdons ont de la culture
Les animaux auxquels on pense quand on parle de culture sont les primates non humains. Ainsi, certains macaques lavent leur nourriture dans de l’eau et les petits les regardent et apprennent à leur tour. C’est une culture de cette population, qui n’existe pas chez une autre population de la même espèce.
Il existe des cultures partout, même chez les insectes. Lors d’une étude sur les bourdons, un individu a été mis dans une situation où il devait tirer sur une ficelle pour obtenir du liquide sucré. Le bourdon a compris très rapidement comment obtenir la récompense. Un individu issu de la même colonie a ensuite été placé avec le premier bourdon. Il a observé son congénère et a appris à son tour comment obtenir le liquide sucré. Les deux bourdons avaient ainsi la même culture.

 

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Yolaine de la Bigne est la fondatrice du site “L’animal et l’homme”. Elle partage avec nous ses rencontres autour des intelligences animales.

Pour écouter plus d’interviews de François Lasserre : www.lanimaletlhomme.com

3 questions à Mathieu Le Lay

En quoi ce documentaire est-il différent de vos précédentes réalisations ?

Cette réalisation se démarque des autres par son approche artistique. Chacun des portraits de photographes que je réalise est différent grâce à l’univers bien marqué qu’ils apportent. Cette fois-ci, l’univers de Laurent Baheux m’a permis d’expérimenter l’approche de l’image en noir et blanc, le véritable parti-pris de ce film. Afin d’offrir une meilleure immersion au téléspectateur, le rendu du film repose sur un travail d’étalonnage très minutieux, de sorte que l’image filmée puisse s’harmoniser avec le rendu photographique de Laurent. Le noir et blanc apporte un côté intemporel et beaucoup de poésie en allant à l’essentiel. En tant qu’amoureux de la belle image, je suis forcément sensible à cette approche.

Au-delà de la dimension artistique, c’est la dimension humaine qui permet à mes films de se démarquer. Chaque photographe suit sa quête personnelle. En embarquant dans leur quête fascinante, ici celle des félins, je tente d’apporter un résultat intimiste qui soit le plus authentique et le plus naturel possible, sans altérer leur univers.

L’approche de terrain était également différente sur cette réalisation puisque nous devions filmer la majorité du temps depuis un véhicule. Cette approche offre logiquement moins de liberté dans les prises de vue, c’est pourquoi j’ai souhaité tourner certaines images au sol, notamment celles orientées sur l’humain.

 

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Laurent Baheux et nous dire comment vous avez appréhendé ce tournage ?
Je connais le travail en noir et blanc de Laurent depuis quelques années maintenant. Il vit dans la région du Poitou Charentes, à seulement quelques pas de l’école de cinéma qui m’a formé, l’IFFCAM. Nous nous étions brièvement croisés lors de festivals mais c’est véritablement dans le cadre de la réalisation de ce film que nous avons pu faire connaissance. Sur le terrain, des automatismes se sont rapidement mis en place. Pour les interviewés, il n’est jamais évident de s’ouvrir aussi facilement face à la caméra. C’est pourquoi, j’essaye toujours de faire en sorte qu’ils puissent se sentir à l’aise et de leur faire oublier la caméra.

Dans la savane africaine, il a fallu organiser l’équipe de tournage depuis deux véhicules : un où Laurent évoluait seul avec son guide local, Morris, et l’autre où le second chef opérateur et moi pouvions filmer aussi bien Laurent que la faune. En harmonisant nos équipes, nous avons cherché à sublimer la faune africaine en saisissant l’instant de grâce chez l’animal, des moments suspendus si bien capturés par l’œil de Laurent.

 

Des anecdotes de tournage ?
La première concerne une scène d’accouplement avec les lions présente dans le film, pour laquelle Laurent n’était pas du tout inspiré ! A quelques mètres de nous, un camion rempli de touristes qui s’exclamaient haut et fort à chaque tentative d’accouplement, ne l’amusait pas non plus. C’était drôle de l’entendre dans mon oreillette. Comme il le dit lui-même, il va rarement saisir l’instant naturaliste… préférant saisir l’instant de grâce, le moment qui va sublimer et magnifier l’animal.
Autre anecdote, le téléspectateur s’en doutera peu, mais il faut imaginer une quinzaine de véhicules garés près du nôtre lors des prises de vue du léopard perché dans l’arbre. La fréquentation humaine peut être dingue dans le Masai Mara. L’équipe logistique sur place nous assurait pourtant qu’elle pouvait être 4 à 5 fois supérieure, en dehors de la période de pandémie actuelle qui impacte énormément les safaris.

© Ushuaïa TV

 

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Félins, Noir sur Blanc, un documentaire diffusé sur Ushuaïa TV le mardi 11 mai à 20h45. Disponible ensuite en replay pendant 60 jours. Rediffusion le dimanche 16 mai à 11h10

Auteur : Laurent Baheux
Réalisateur : Mathieu Le Lay
Coproduit par Bonne Pioche Télévision et Ushuaïa TV

3 questions à Laurent Baheux

Vous dites ressentir « moins de danger à saisir l’intimité des animaux sauvages qu’à vivre parmi les hommes ». Le tournage de Félins, Noir sur Blanc l’a-t-il confirmé ?

Oui absolument : lorsque je suis en Afrique sur le territoire des animaux, je ressens toujours une grande sérénité parce que je sais où est ma place et quelles sont les règles pour ne pas se mettre en danger ni perturber le quotidien des animaux. Au milieu des hommes, il m’arrive de temps en temps de ne pas me sentir en sécurité parce que je ressens une agressivité ou a minima une tension dans les rapports qui existent entre humains.

 

En plus de 20 ans de carrière, quel est votre plus beau souvenir au contact du monde sauvage et de ses espèces ?

Je n’en suis pas à hiérarchiser mes souvenirs parce que je vis intensément le moment présent et parce que chaque nouveau périple au contact de la vie sauvage m’apporte son lot de sensations fortes et de moments inoubliables. Donc je fais une sorte de « reset » à chaque nouvelle aventure, ce qui me permet de garder une certaine naïveté, de la fraicheur et l’envie de faire de nouvelles images. Et puis le spectacle offert par la nature est sans cesse renouvelé, même lorsque je retourne dans un endroit connu, il ne se passe jamais la même chose…

 

Quel supplément d’âme le noir et blanc apporte-t-il à une photographie ?

Le noir et blanc m’apporte l’émotion et la liberté : il transpose et permet l’abstraction du sujet. Il créé une distance nécessaire pour s’affranchir des conventions et pour amener la réalité vers l’interprétation que veut en faire le photographe pour se l’approprier. Pour ma part, il s’agit de chercher l’épuration pour sublimer le réel. Soustraire les couleurs permet de réduire l’information visuelle et aide à rendre visible l’essentiel. Comme le clair-obscur en peinture, l’ombre et la lumière est en quelque sorte l’alpha et l’oméga du photographe : en supprimant la couleur qui distrait, je peux mettre l’accent sur la texture, les formes, la composition.
Je considère la couleur comme une distraction. Or, il s’agit du contenu de mon sujet, du caractère, de la personnalité, de l’âme de ces animaux et non pas de la couleur de leur peau. J’aime le côté intemporel et poétique, l’unité esthétique, la cohérence chromatique et la simplicité de lecture qu’offre le noir et blanc à mes images qui n’ont pas besoin de la valeur informative de la couleur qui viendrait surcharger l’image de manière superflue. J’utilise le noir et blanc pour essayer de refléter quelque chose que je perçois, ressens et comprends du monde animal afin de raconter ma propre vérité avec un regard forcément subjectif. Le noir et blanc permet également de se  rapprocher graphiquement du croquis.

© Ushuaïa TV

 

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Félins, Noir sur Blanc, un documentaire diffusé sur Ushuaïa TV le mardi 11 mai à 20h45. Disponible ensuite en replay pendant 60 jours. Rediffusion le dimanche 16 mai à 11h10

Auteur : Laurent Baheux
Réalisateur : Mathieu Le Lay
Coproduit par Bonne Pioche Télévision et Ushuaïa TV